A Propos

KDF COLOR : Quand une craie devient symbole d’indépendance

En 2016, alors que je préparais mes cours dans mon bureau, deux boîtes de craie étaient posées sur ma table : l’une blanche, l’autre de couleur. Rien d’extraordinaire, pensais-je, jusqu’à ce que je remarque qu’elles étaient toutes deux de marque étrangère. Encore une fois.

Je me suis alors interrogée : pourquoi, au Cameroun, utilisons-nous systématiquement des craies importées ? Convaincue qu’il devait exister une alternative locale, j’ai entrepris des recherches. J’ai questionné, fouillé, exploré le marché Mboppi, le plus grand d’Afrique centrale. Mais partout, le même constat : aucune marque camerounaise, aucun fabricant local, aucun produit africain.

Cette absence m’a profondément marquée, non seulement comme enseignante, mais aussi comme citoyenne et femme africaine. La craie, ce petit bâton, n’est pas qu’un outil : c’est le premier lien entre l’enseignant et l’élève, le début de l’écriture, le prolongement de la pensée. Ce symbole, nous l’avions abandonné à d’autres.

Face à ce vide, j’ai décidé d’agir. Si personne ne fabriquait de craie ici, je le ferais.

Je n’étais pas issue du monde industriel, mais la nécessité d’agir a dépassé la peur d’échouer. Après des années de réflexion, d’apprentissage et de persévérance, j’ai fondé en 2017 KDF COLOR, la première entreprise camerounaise de fabrication de craies scolaires.

KDF COLOR n’est pas simplement une marque : c’est un engagement, la conviction que même un simple bâton de craie peut porter une révolution. Chaque boîte produite est un acte de fierté, un pas vers l’indépendance, la preuve que l’Afrique peut et doit produire ce dont elle a besoin.

Ce n’est qu’un début, mais c’est le nôtre. Et désormais, il est entre nos mains.

— Françoise Ewas, fondatrice de KDF COLOR